Les résultats de maintes études à ce jour suggèrent que l’adoption d’une alimentation intuitive peut avoir un impact positif sur la santé mentale et physique. En effet, on note entre autres l’observation d’une relation inverse entre l’alimentation intuitive et la présence de symptômes dépressifs et de troubles alimentaires. Une étude analysant plus précisément la relation entre une intervention basée sur l’alimentation intuitive et les troubles alimentaires a rapporté une réduction des comportements alimentaires désordonnés, dont entre autres une réduction significative ou élimination des épisodes d’hyperphagie. Une autre étude menée auprès de 1464 adultes canadien.ne.s de différentes ethnicités a également observé une corrélation modérée entre la pratique d’une alimentation intuitive et une meilleure estime de soi.
Une approche non basée sur la perte de poids et adoptant les principes de l’alimentation intuitive serait aussi efficace pour augmenter la pratique d’activité physique. Pour ce qui est des apports alimentaires, certaines études rapportent que les individus s’alimentant de façon plus intuitive, donc en se basant sur une faim physique plutôt qu’émotionnelle, auraient tendance à consommer plus de fruits et légumes.
Les résultats de recherche sur le potentiel d’une intervention basée sur l’alimentation intuitive menant à une perte de poids sont contradictoires. Certaines études ont toutefois démontré une corrélation positive entre une plus grande pratique d’alimentation intuitive et un indice de masse corporel (IMC) bas, suggérant que le fait d’être plus alerte aux signaux de faim et satiété pourrait mener à une meilleure gestion du poids. Il ne faut cependant pas oublier que de viser une perte de poids par l’adoption d’une alimentation intuitive n’est pas en ligne avec l’essence de cette approche.
Dans un contexte où l’industrie des diètes amaigrissantes est omniprésente, et dans une société où la stigmatisation du poids et la grossophobie sont des problèmes récurrents, le concept de l’alimentation intuitive peut être déroutant à première vue.
Le désir de perte de poids peut être valide, et dans certains cas peut apporter des effets bénéfiques sur la santé. Par contre, il est facile de tomber dans des démarches de perte de poids néfastes et non durables. L’objectif ultime d’une intervention sur les habitudes de vie est d’intégrer des changements sains que ce soit au niveau des choix alimentaires, de l’activité physique ou autre, avec des résultats positifs à long terme sur la santé physique et mentale.
1) Gouvernement du Québec, Institut de la statistique du Québec (2016) L’Enquête québécoise sur la santé de la population, 2014-2015: pour en savoir plus sur la santé des Québécois, résultats de la deuxième édition. https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/enquete-quebecoise-sur-la-sante-de-la-population-2014-2015-pour-en-savoir-plus-sur-la-sante-des-quebecois-resultats-de-la-deuxieme-edition.pdf
2) Mann, T., et coll. (2007). Medicare’s search for effective obesity treatments: diets are not the answer. The American psychologist, 62(3), 220-233.
3) Wing, R. R., & Phelan, S. (2005). Long-term weight loss maintenance. The American journal of clinical nutrition, 82(1 Suppl), 222S-225S. doi:10.1093/ajcn/82.1.222S
4) Carey, K. J., & Vitek, W. (2022). Weight Cycling in Women: Adaptation or Risk?. Seminars in reproductive medicine, 40(5-06), 277–282. https://doi.org/10.1055/s-0040-1721418
5) Carrard, I., Kruseman, M., & Marques-Vidal, P. (2018). Desire to lose weight, dietary intake and psychological correlates among middle-aged and older women. The CoLaus study. Preventive medicine, 113, 41-50. doi:10.1016/j.ypmed.2018.05.011
6) Gravel, K. (2021). De la culture des diètes à l’alimentation intuitive. Éditions KO. p. 168
7) Gravel, K. (2013). Manger avec sa tête ou selon ses sens: Perceptions et comportements alimentaires. Thèse de doctorat. Université Laval.
8) Tribole E, Resch E. (2012). Intuitive eating: A revolutionary program that Works (3rd ed.). New York: St. Martin’s Press;
9) Hazzard, V.M., et coll. (2021) Intuitive eating longitudinally predicts better psychological health and lower use of disordered eating behaviors: findings from EAT 2010–2018. Eat Weight Disord 26, 287–294. https://doi.org/10.1007/s40519-020-00852-4
10) Van Dyke, N., & Drinkwater, E. J. (2014). Relationships between intuitive eating and health indicators: literature review. Public health nutrition, 17(8), 1757–1766. https://doi.org/10.1017/S1368980013002139
11) Babbott, K. M., & coll. (2023). Outcomes of intuitive eating interventions: A systematic review and meta-analysis. Eating Disorders, 31(1), 33–63. https://doi.org/10.1080/10640266.2022.2030124
12) Gödde, J. U., Yuan, T. Y., Kakinami, L., & Cohen, T. R. (2022). Intuitive eating and its association with psychosocial health in adults: A cross-sectional study in a representative Canadian sample. Appetite, 168, 105782. https://doi.org/10.1016/j.appet.2021.105782
13) Dugmore, J. A., et coll. (2020). Effects of weight-neutral approaches compared with traditional weight-loss approaches on behavioral, physical, and psychological health outcomes: a systematic review and meta-analysis. Nutrition reviews, 78(1), 39-55. doi:10.1093/nutrit/nuz020
14) Linardon, J, Tylka, TL, Fuller-Tyszkiewicz, M. Intuitive eating and its psychological correlates: A meta-analysis. Int J Eat Disord. 2021; 54: 1073– 1098. https://doi.org/10.1002/eat.23509
Bonjour,
L’approche est intéressante mais pas facile. Manger ce que l’on aime de façon modérée, reconnaître et respecter la faim physique plutôt qu’émotionnelle sont un entraînement. Ça se fait un pas à la fois … et ça prends de la détermination et des trucs pour faciliter ces nouvelles attitudes.
Mais il est bon de l’entendre pour l’intégrer. Merci !
Joan Dubreuil
Bonjour,
Il est surprenant pour moi de lire sur ce sujet qu’est l’alimentation intuitive. J’adhère à 100% à ce concepteur puisque, sans le savoir, je le mets en pratique depuis des décennies. Le corps à une mémoire et à ce que l’on dit, il nous le rend bien. À savoir quand on le nourrit au moment où il en a besoin, il saura au prochain signe de faim qu’il sera comblé. Prendre conscience par nos signaux de satiété permet de ne pas stoker à outrance des graisses converties ou non que de toute façon nous n’en avons pas besoin.
Très intéressant, merci
MC
Bonjour Marie-Claude,
Merci pour votre témoignage!
Sujet très intéressant. Ce principe d’alimentation peut il s’appliquer dans le cas suivant :
– insuffisance pancréatique exocrine
– Hypercholestérolémie
– syndrome du colon irritable
– RGO + hernie hiatale
– inflammations articulaires
– flexitarisme (dont aucune viande rouge ni « bébés, consommation occasionnelle uniquement de volailles.
Merci de votre retour.
PS : testé sans résultats probants voire aggravation des symptômes : regime Seignalet, Végétalien, végétarien, crudivore, fodmaps…
Sous traitement permanent Créon 35000/jour
Bonjour,
Dans le contexte de certaines conditions médicales, les recommandations nutritionnelles peuvent être plus restrictives et/ou précises que ce que l’alimentation intuitive met de l’avant.
Dans le cas particulier que vous décrivez, le suivi avec une nutritionniste (incluant une évaluation complète) serait bénéfique afin de mettre en place des mesures adaptées, saines et sécuritaires.